• Un peu d'histoire:

    Pendant très longtemps, les chercheurs et historiens se sont demandé pourquoi les très anciennes tombes funéraires basques étaient rondes (discoïdales) et surtout, systématiquement endommagées. Pour connaître la réponse, il suffit de savoir qu'en ces temps précédant la christianisation du Pays Basque, les autochtones ne semblaient craindre vraiment qu'une seule chose : que le Dieu Soleil qu'ils vénéraient les mange après leur trépas.
    Aussi, afin de se concilier les faveurs de l'astre du jour quand ils partaient dans l'autre monde, les Basques décidèrent de sculpter leurs pierres tombales à l'image de celui-ci. Il faut d'ailleurs souligner ici l'extraordinaire intelligence de de ces hommes qui taillèrent ces tombes en forme de roue, alors qu'ils ne connaissaient pas la roue.

    Ce rite simple, mais, comme nous l'allons voir, athlétique, se perpétua des siècles durant : Quand un Basque venait à décéder, sa famille mangeait des piments et pleurait beaucoup. Ensuite, la veuve éplorée faisait préparer un bloc de granit par le tailleur de pierres du village et quand, quelques jours après, la pièce ouvragée était prête, les cérémonies pouvaient commencer. Douze nuits après le décès, parents, amis, voisins, se réunissaient à la pleine lune sur le point le plus élevé dans un rayon de 700 mètres autour de la demeure du défunt.

    Là, tous chantaient les louanges du mort, insultaient l'astre de la nuit - l'ennemi du Dieu Soleil - en agitant les bras et en imitant le bruit de la mouche, puis épuisés, ils s'endormaient en sursaut jusqu'au petit matin.
    Le lendemain, vers midi, le plus âgé des participants était chargé de pousser la pierre de manière à ce que celle-ci dévallât la pente... La pierre roulait, roulait et, à l'endroit précis où elle s'arrêtait, le mort était mis en terre. C'est la raison pour laquelle on trouve au Pays Basque des sépultures disséminées un peu partout, un peu n'importe où, et le plus souvent dans des endroits improbables et généralement inaccessibles.

    Il arriva ainsi qu'une pierre tombale facétieuse finisse sa course dans une proche rivière, ce qui obligeait le cortège funéraire à détourner le cours d'eau afin de pouvoir enterrer le corps du trépassé.
    On cite notament le cas resté célèbre, de Juan-Markos Juaristi (1473-1560) le célèbre patriarche du village d'Ekharritz sur les hauteurs d'Arranomendi. Les textes anciens rapportent que le malheureux fut inhumé à plus 38 kms de chez lui : La pierre tombale de Juan-Markos Juaristi avait descendu toute la vallée avant de s'immobiliser contre une vache qui paîssait par là ! La vache fut tuée sur le coup.La famille éreintée enterra Juan-Markos Juaristi et mangea la pauvre bête.

    Le Pays Basque étant par nature accidenté, vallonné ou pis, montagneux, et la mortalité en forte hausse due à l'épidémie de scarlatine ottomane qui ravagea le pays au milieu de XVIème siècle amena les Basques à se lasser soudainement de ces rites fatigants. En 1582, il fut décidé de délimiter un endroit clos de petits murs pour y faire rouler les stèles... On était ainsi assuré que les pierres ne se déterioraient pas trop et surtout qu'elles dégringoleraient beaucoup moins loin. Les Basques venaient d'inventer le cimetière (et accessoirement le bowling), et dès lors les funérailles du pays allaient gagner en solennité ce qu'elles perdaient en sportivité.

    Des nostalgiques des temps anciens regrettent encore ces traditions ancestrales. On se permettra cependant de leur rappeler que l'expension généralisée du christianisme en Pays Basque aurait de toute façon condamné à terme l'usage de telles pratiques funéraires, les croix de marbre s'avérant beaucoup plus difficiles à faire rouler que les stèles discoïdales.

    Celles d'Aïnhoa,

    PICT0721-20

    KM DYNAX 5D - Sigma 8-16 mm F4.5/5.6  DC HSM- 12 mm - F/18 - 1/160" (-0,3 IL) - ISO 100


     Celles de Sainte-Engrâce,

    PICT1360-20

     KM DYNAX 5D - Minolta 70-200 mm F2.8 APO G SSM - 100 mm - F/4 - 1/1000" (-0,7 IL) - ISO 100

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  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Septembre 2011 à 07:22
    Pierre
    Arf. Bien dommage ces lettres noires. On ne sait pas lire.
    Par contre, les images me plaisent bien.
    2
    Mardi 27 Septembre 2011 à 07:51
    Pierre
    c'est revenu blanc, je peux lire
    Merci.
    3
    Mardi 27 Septembre 2011 à 08:13
    oceandefleurs
    Bonjour, voilà un article fort intéressant et bien illustré sur un passé déjà lointain. Un moment d'histoire que j'ai bien apprécié. Merci, Bonne journée, oceandefleurs
    4
    DAN
    Mardi 27 Septembre 2011 à 08:15
    DAN
    Dans ton texte, au demeurant très intéressant, on peut lire qu'ils inventèrent (accessoirement) le bowling, on peut dire aussi les "rolling-stone...
    5
    Mardi 27 Septembre 2011 à 08:27
    jpla
    Bravo ! Je te souhaite une agréable journée
    JP
    6
    Mardi 27 Septembre 2011 à 09:39
    PascalXLD
    J'aime beaucoup la deuxième

    Bonne journée
    7
    Mardi 27 Septembre 2011 à 14:16
    mariana
    wonderful set . great frame and focus .
    8
    Mardi 27 Septembre 2011 à 18:27
    Philib
    Un article très intéressant à lire et à regarder, merci à toi et bonne soirée.
    9
    Mardi 27 Septembre 2011 à 21:57
    Jany
    Un vrai cours d histoire agrémenté de superbes photos,tout ce que j aime...Passionnant.Bonne soirée
    10
    Mardi 27 Septembre 2011 à 22:59
    Lannic
    Merci pour ces explications très intéressantes bien relayées par tes deux photos .
    11
    Mercredi 28 Septembre 2011 à 23:17
    Gérard
    Même rondes et belles çà reste des tombes
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